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Covid interview 5 : Robin Lamy de Tokay

Vous l'avez souvent croisé sur et, au bord des terrains. Robin Lamy est un pionnier, un passionné qui s'est lancé et à créé la première entreprise au monde uniquement dédié à la fabrication de chaussures spécialisées pour les joueurs d'Ultimate. Dans ce marché de niche, il est venu apporter son grip à notre prise d'appui. Quand on le rencontre, on est souvent marqué par sa passion et l'énergie qu'il impulse dans ce qu'il fait, forcément touché par cette crise, il nous accorde cette interview.



1 – Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ? Quel est son secteur de vente ?


TOKAY est une startup dédiée à l'Ultimate. J'ai démarré ce projet il y a bientôt 5 ans (wow, ça passe vite!) avec l'idée de faire des crampons spécialisés pour l'Ultimate. Je vends dans le monde entier, avec deux zones principales : l'Europe et l'Amérique du nord.

L’objectif est de proposer des crampons qui améliorent le jeu des joueurs - ce qui passe principalement par la performance, l’accroche et le confort - tout en proposant une expérience digne de notre communauté, avec un contact personnel, un lien de confiance et une marque qui participe à la vie de notre communauté.


2 - Quelle est la part de l'ultimate dans les revenus de votre entreprise ?


100%, c'est quelque chose qui est important pour moi et a fait l'objet d'une profonde réflexion. J'ai déjà imaginé me diriger vers d'autres sports - surtout pendant les moments de crise - puis j'ai pris la décision de ne pas le faire, à la fois pour servir au mieux notre communauté, mais aussi de manière à limiter la croissance et l'impact de TOKAY sur la planète.


3 – Combien d'emplois dépendent directement de votre entreprise, combien indirectement ?


Directement: 1 seul, le miens :D Indirectement j'ai 5 fournisseurs principaux avec qui je travaille régulièrement pour la production, la logistique et le développement de mon site web.


4 – Quelle part de vos revenus dépendent directement du marché de l'ultimate Français ?


20% environ, ce qui est énorme. J'ai toujours eu la chance d'être soutenu par les joueurs et les clubs français, depuis le début du projet.

Je pense à la première fois où j'ai rencontré notre équipe de France mixte (celle de 2016) avec pas grand chose à présenter à l’époque. Les joueurs avaient pris le temps de remplir mes petits questionnaires, le soutien lors des WCBU de Royan et bien sûr tous les joueurs que j'ai rencontrés ces dernières années.


5 – Aujourd'hui, la situation est gelée, avez vous, cependant, toujours de l'activité ?


J'ai la chance de vendre dans le monde entier, ce qui m'a permis de limiter la casse en équilibrant les revenus entre les différentes vagues, les USA au début, puis l'Allemagne et la Suède. Mais principalement la crise m'a demandé de faire le dos rond.

En premier J'ai dû faire le deuil de cette année qui s'annonçait comme une grosse année en termes d'Ultimate et de croissance pour TOKAY. J'ai ensuite travaillé à diminuer mes charges en mettant certains projets en pause.

Je travaille toujours énormément à créer des partenariats et à préparer la reprise, en espérant qu’elle arrive le plus vite possible!


6 – Comment se mesurent les conséquences de la crise pour vous et quels sont les impacts / risques visibles ?

2020 aurait dû être la première année ou TOKAY ne perdait pas d'argent, bon... ça ne sera clairement pas le cas! J'ai trouvé que les aides de l'État ont été bien faites et rapidement mises en place. Cependant la majeure partie de ces aides sont des prêts qu'il faudra rembourser, ce qui aura un impact sur les années à venir.

Pour la petite histoire, la semaine ou le confinement a été annoncé (et donc la semaine ou mes ventes se sont arrêtées net), je devais faire un virement d'environ toutes mes réserves pour la commande de la nouvelle production, ça été une grosse décision à prendre!


7 – Pouvez-vous nous décrire la situation humaine ressentie chez vous ? Avez-vous des pistes pour améliorer la situation / vous renforcer en ce temps de crise ?


Étant la seule personne à travailler sur TOKAY, je n’ai pas eu à gérer d’équipe, mais j'ai eu un gros travail à faire personnellement. Quand on a un projet comme ça, c'est un peu notre bébé, et c'est dur de voir que la situation se dégrade sans rien pouvoir y faire. J'ai donc travaillé à me concentrer sur les éléments que je pouvais contrôler et ne pas m'angoisser pour ceux sur lesquels je n'ai aucun moyen d'action (comme l’apparition d'une pandémie mondiale).

J'ai aussi travaillé à mieux séparer vie privée et vie professionnelle, comme par exemple ne plus ouvrir les pages liées à TOKAY le soir. Le fait qu'en confinement la plupart des loisirs soient également sur l'ordinateur n'a pas facilité les choses, du coup j'ai essayé de lire plus de livres, et je me suis mis au ukulele, pour me libérer des écrans.

Cette année a également eu des aspects positifs (seulement des aspects, pas des tests dans mon cas, heureusement), j'ai pu repenser TOKAY, découvrir de nouvelles personnes et me recentrer sur les raisons profondes qui me motivent à faire ce projet. Je me suis rendu compte que ce qui me manque le plus finalement ce sont les tournois, et les rencontres. J'ai aussi eu du temps (beaucoup de temps!) pour réfléchir à ce que j'aimerais que TOKAY devienne. Donc vous pouvez vous attendre à de la nouveauté pour 2021 :D


8 – Champs libre, vous avez la possibilité de dire ce que vous souhaitez, cet espace est votre tribune en 20 lignes max.


Tout d’abord, tu as sûrement vu l’enquête que j’ai mené en Décembre. Elle a été pleine d’enseignements que je suis en train de mettre en œuvre. Cependant si tu penses que nous pourrions faire certaines choses différemment, ou que tu as des idées, je serai ravi d’en discuter: robin@tokay-ultimate.com


La crise nous a tous affectés, en tant que joueurs, volontaires, bénévoles. Ils me tarde que la vie reprenne un cours le plus normal possible et que nous puissions de nouveau faire des plans, préparer des tournois et s’entasser à 5 dans une voiture un vendredi soir pour revenir claqués le dimanche.


J'espère que la crise ne durera pas trop longtemps et que TOKAY, comme les autres professionnels et bénévoles pourrons tous reprendre nos projets d’ici peu sans trop de casse.


Autant qu’il est important qu’aujourd’hui chacun soutienne les personnes qui travaillent localement pour maintenir une activité sur notre territoire, je pense qu’il sera important de donner la priorité aux projets qui s’impliquent dans notre communauté de chasseurs de galettes en plastique à la reprise pour s’assurer qu’un maximum traverse la crise.


Notes :

Je pense que cette crise a révélé des inégalités et des contradictions latentes de notre société. Notre modèle de société a peu évolué ces dernières décennies alors que nos aspirations ne sont plus du tout les mêmes. La crise n'a donc pas créé ces contradictions mais elle les a révélées, en bouleversant nos habitudes et en nous laissant, à la fois, plus de temps pour y réfléchir.

Il devient évident que notre modèle capitaliste, basé sur une consommation et une croissance sans fin arrive à un terme et ne nous a pas rendu ni plus heureux ni plus résilients (loin de là!). Bien que nous ne puissions pas modifier nos habitudes, nos modèles économiques ou nos systèmes de production en quelques mois, cette crise laissera des traces indélébiles sur notre société, bien plus que ce que nous pouvons imaginer aujourd'hui.

Je ne sais pas encore exactement ce que cela impliquera pour TOKAY, mais cela me renforce dans l'idée de faire un travail de qualité, à la fois en termes de produit, mais aussi avec un impact le plus faible possible sur notre planète, de manière à pouvoir permettre à notre communauté d'exister et de jouer dans de bonnes conditions sans chercher à devenir le maitre du monde.

Dans les années à venir, la plupart d'entre nous allons devoir nous réinventer. Il n'existe pas encore de recette, puisque celle que notre société a utilisée depuis que nous sommes nés semble ne pas avoir porté ses fruits. C'est un défi vertigineux, mais grisant pour inventer un avenir radieux.

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