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Blackstar : une trajectoire alternative

Blackstar : une trajectoire alternative


« Ni dieu, ni coach », voilà la devise du Blackstar, le jeune club de Poitiers né officiellement en septembre 2019. Simple provocation ou réelle philosophie ? Qu’est ce qui se cache derrière cette étoile noire ?


Dimanche 4 octobre, les joueur·se·s du Blackstar ont rendez-vous à côté de Poitiers à la « Colline », la coloc des membres fondateurs·trices du club, pour une activité originale. L’invitation a été lancée par Noémie pour un atelier sérigraphie/fanzine. Côté sérigraphie, le projet consiste à réaliser des t-shirts qui seront vendus au profit de jeunes n’ayant pas les moyens de s’offrir une licence sportive dans le sport de leur choix, notamment des mineurs étrangers isolés. Côté fanzine, le but est de créer un document collaboratif sur la découverte de l’ultimate regroupant les bases et l’esprit du jeu tel que le club souhaite les transmettre. Y seront abordés avec humour ces petits moments de solitude ou de flou artistique que rencontrent tou·te·s les débutant·e·s.


Extrait : « On t’a dit, c’est un sport sans contact, en autoarbitrage (là déjà tu fronçais les sourcils), basé sur le fair-play, avec une team qui fait le pull, l’autre qui stacke, un handler forcé en coup droit et des middles qui appellent et qui catchent. Et là tu t’es dit, ok, c’est une autre planète ». Le Blackstar a des convictions et n’a pas peur de les partager. C’est d’ailleurs précisé dans la charte, document incontournable si on souhaite rejoindre l’équipe :

« un club fondé avec la volonté particulière d’affirmer des valeurs politiques à travers la pratique du sport ».

S’opposer à toutes formes d’oppression, expérimenter l’autogestion, s’inscrire dans les pratiques de l’éducation populaire…


Autant de préceptes que le club essaye de s’appliquer. Un club inspirant : le Spartak de Lille, association sportive militant pour « un sport populaire et solidaire ». Comme lui, le Blackstar aurait pu être un club de foot, Quentin l’avait envisagé quand il cherchait un sport pour rassembler ses ami·e·s, ou pourquoi pas du tchouk-ball ? Jusqu’à ce que des souvenirs de collège remontent et que les atouts de l’ultimate s’imposent : mixte, auto-arbitré, sans contact…

Le club s’est vite doté d’une devise : ni dieu ni coach. Pour que ça marche, il faut que chacun·e accepte de s’autoformer, en ligne notamment, pour ensuite transmettre aux autres. Et ça s’avère plutôt efficace ! Après un été à s’entraîner dans un parc puis dans un parking à l’arrivée des jours pluvieux, le Blackstar s’est vaillamment inscrit en championnat régional indoor open. Le premier week-end a forcément été une suite de lourdes défaites, mais l’accueil chaleureux des autres équipes a permis de ne pas refroidir l’enthousiasme et des contacts ont conduit à décrocher un vrai terrain d’entraînement et un gymnase ! La phase retour verra même une victoire permettant de ne pas atterrir à la dernière place… Une belle fierté, même si c’est loin d’être l’objectif principal du club.


La non-mixité pour plus de mixité. La mixité, en voilà un objectif, mais pour cela il faut recruter des filles, ou faire revenir celles qui étaient là au début. Alors, afin qu’elles se sentent réellement accueilles loin de tout esprit de compétition, un créneau d’entraînement non mixte a été créé en janvier. Un rendez-vous qui a tout de suite trouvé ses adeptes. Certaines ont même franchi le pas de la mixité. A Biarritz, les joueuses du club ne s’étaient jamais posé la question, alors que leur nombre stagnait pourtant désespérément. Ce sport d’équipe mixte pouvait faire peur à certaines ?


Le débat a été lancé lors d’une rencontre de l’équipe de ligue de Nouvelle-Aquitaine, les Chocolat’in, avec les filles du Blackstar et a tout de suite fait son chemin dans les esprits des Euskadisks. Ni une ni deux, des initiations féminines étaient nées, et de nouvelles licences vite enregistrées ! Le club a aussi été pris en exemple pour illustrer une polémique locale entre élus favorables ou frileux au sujet de la non-mixité : instrument de libération de la femme ou au contraire de communautarisme ? Toujours s’interroger sur le bien-fondé des pratiques pour que chacun.e y trouve sa place dans le collectif, pour un sport non autoritaire, voilà le cheminement. Une réflexion qui soulève des questions tout autour, notamment aux autorités locales ou sportives : comment s’adresser à un club sans président.e, à une équipe sans capitaine ? Le club lui-même se remet régulièrement en question : de collectif, le coaching est par exemple devenu tournant et souvent en duo, pour plus d’efficacité et permettre à celles et ceux qui se sentiraient moins légitimes d’être accompagné.e.s. D’autres interrogations ne manqueront pas d’être soulevées à l’avenir : quelle place pour le veganisme en tournoi ? Comment inclure les personnes transgenres en compétition ? On sait la communauté ultimate tiraillée entre son aspiration à une plus grande reconnaissance quitte à y perdre un peu son âme en faisant comme les autres ou la volonté un peu conservatrice de rester un sport à part, en gardant ses valeurs.


Et si ces réflexions amenaient une troisième voie, un renouvellement alternatif ?


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