20 ans d'ultimate sudiste
« Et Stéphane, pourquoi tu nous fais pas part de ta connaissance du l'ultimate sudiste ? ». Je relève le défi et vous raconte l'histoire de l'ultimate avec l'accent.
Il est toujours difficile de définir la limite entre le Nord et le Sud. Et la géographie de l'Ultimate n'y échappe pas. Jusqu'en 2003, l'ultimate frisbee ne se pratiquait pas en dessous d'une ligne passant de Bordeaux à Grenoble. Fin des années 90 fut la période de naissance des premiers clubs sudistes : Tourne Disc à Clermont Ferrand (1996), Monkey Foo à Grenoble et Toulouse Ultimate Club, (Better Than Rex) à Toulouse (1998 pour les deux). Il est à noter que des passionnés de la région de Brives s'étaient regroupés au sein du Flying Tourtoux de Brives, créé en 1994, disparu en 1998.. En 2001, la limite entre le nord et le sud se courbe dans la vallée du Rhône avec la création des Moustix de Lyon (aujourd’hui ASUL Ultimate).
La pratique de l'ultimate étant encore peu connue, avec peu de clubs (environ une trentaine fin des années 90'), tous les joueurs et les clubs se démenaient pour développer la pratique de l'ultimate, et effacer des esprits l'image populaire qu’avait notre sport : un de jeu de plage.
Les premiers tournois sudistes apparurent au début des années 2000 : le Vinyl Tour à Châteaugay, l'Open de Bourg d'Oisan à Bourg d'Oisan, Hot Tolosa à Toulouse. En croissance régulière, ils devinrent des événements incontournables, permettant de regrouper nordistes et sudistes, d'échanger des informations sur les connaissances de joueurs isolés dans le sud à la recherche de partenaires de jeu.
Car ce n'est pas totalement le désert ultimatique dans le Sud. Dans la région narbonnaise, autour de Toulon, sur le campus universitaire d'Aix en Provence des passionnés, des étudiants étrangers, des joueurs de clubs ayant migrés dans le sud pour des raisons personnelles et/ou professionnelles avaient envie de de continuer à jouer et cherchaient des copains. En avril 1999 à Aix en Provence, j'ai participé à une petite séance avec plus de 40 joueurs, principalement des étudiants étrangers, dont certains avaient participé au Championnat d'Europe.
Sur Marseille, les centres aérés et les écoles pratiquaient un jeu très similaire à l'ultimate. Il se joue avec un disque. Les joueurs devaient se faire des passes pour faire progresser un disque et l’aplatir dans l'embut adverse pour marquer un point.
Mais regrouper ces joueurs au sein d'une structure officielle était très compliqué voir impossible.
L'année 2003 fut le point de départ de l'expansion de l'ultimate sudiste, de Toulouse à Nice et de Marseille à Clermont Ferrand.
Migrant de Touraine vers la région aixoise en septembre 2003, je ne pouvais pas ne plus lancer le disque. Avec l'aide de mes anciens camarades des Oufs, je me suis lancé dans la prospection de lanceurs de galette dans la région.
En peu de temps, nous nous retrouvâmes une petite dizaine entre Martigues, Aix et Marseille, sur la plage ou dans les parcs à jouer. Puis l'idée de monter un club est apparu. Au début, deux clubs devaient naître, un sur Martigues et un à Fuveau. Seul le club fuvelain Beach Ultimate Lovers Fuvelain a finalement pris vie en 2004 (voir article de FOCUS novembre . Dans la région niçoise, quelques lanceurs cherchaient une opportunité de se structurer. 2003 a vu l'envol des Ziggles
Bulf et Ziggles produisirent un gros travail de promotion de l'ultimate dans le sud-est méditerranéen. Salons de sports, démarches auprès du monde éducatif, articles de journaux, reportages TV, matchs de présentation et de promotion... Difficile de se faire une place au pays du football. Les toulousains étaient heureux de voir des copains pas « très loin ».
L'affiliation de Bulf et Ziggles à la Fédération de Flying Disc France a permis la structuration de la pratique de l'ultimate sudiste. La FFDF développa son championnat en créant la zone Méditerranée, regroupant, BTR, Tourne Disc, Moustix, Monkey Foo, Ziggles et Bulf. Beaucoup d'énergie a été dépensée pour faire vivre ce championnat FFDF en zone Méditerranée. Ses efforts ont été récompensés : plusieurs initiatives ont tenté de créer des clubs : Mistral sur Avignon et Capsule de la Crau.
Contrairement au région du nord, il n'existait que le championnat fédéral pour se retrouver et promouvoir l'ultimate. Ce fut principalement Bulf qui œuvra pour organiser des événements et tenter des formats plus adaptés à la région méditerranéenne pour que les passionnés puissent jouer et se retrouver : création du tournoi indoor “T'es Paca'p” à Fuveau, développement du beach ultimate 4*4, avec notamment la création de l'unique tournoi Français : le Bulf à l'Eau à Marseille et une Ligue de Beach Ultimate 4*4 et son championnat, à l’époque unique au monde.
Les joueurs méditerranéens les plus motivés ont constitué des pick-up pour participer à des tournois à l'étranger ou en France : « Les Collègues » en 2006 toujours prêt à se reformer à la première occasion, « Club Med » en 2009-10.
Pendant 3 ans, Bulf et Ziggles étaient les sparring partner du club suisse Klopstock de Zurich en préparation pour le championnat suisse, à Bras petit village du Haut Var.
Un ancien des Tournes Disc, devenu discgolfeur, Pierril a retrouvé l'envie de reprendre l'ultimate lors de son passage au T'es Paca'P 2006. De retour sur Nîmes, il créa avec des amis joueurs le club de Nîmes les Discobols.
L'implosion de Bulf en 2009 boosta le développement de l'ultimate dans le sud. Bulf est devenu T-RAix et s'est délocalisé sur Aix en Provence, attirant les étudiants étrangers de l'université de Provence d'Aix. Certains bulfs ont migré dans d'autres villes, d'autres régions suivant leurs vies personnelles et professionnelles. Dans le Vaucluse, Ivan a créé le club de Pertuis Klubultdulub, Frédéric celui de Carpentras Pongo qui plus tard a permis de faire naître le club d'Avignon Freebees, En Loire, Christophe et Caroline ont monté le club Fumble à St Etienne qui initiera Grand Roanne Ultimate Frisbee de Roanne. Stéphane a aidé la création d'Ultimate Marseille. Dans l’Hérault, Olivier, ancien Ouf, a donné naissance à LezHeraultimates de Montpellier. Dans la Drôme, Yann Miniere, ancien vice-président de la FFFD et joueur d’Ultimate Vibration est allé monter VazyLence à Valence avec Quentin Dupré la Tour, puis sera à nouveau dans l’initiative avec la création du club de Crazy Bees à Crest, toujours dans la Drôme. Enfin des joueurs isolés ont lancé Free's by 66 à Perpignan dans les Pyrénées Orientales.
Le dynamisme de ces nouveaux clubs, l'envie de jouer de leurs adhérents a permis la création de nouveaux tournois : Sea disc & fun au Canet du Roussillon par F66, Fogassa unique tournoi de beachultimate 5*5 en Méditerranée à la Grande Motte par les Discobols, Grrrrrr à Aix en Provence par les T RAix, Jungle Tour et Jungle Hat à Carpentras par les Pongos, 24h d'ultimate au Cres par les Héraultimate, PopHat à Avignon par Freebees, Tapen Hat à Beaumont en Perthuis par Ultimate Marseille. Ces tournois permettent de densifier la pratique de l'ultimate.
Frasba dal lac vs Ziggles au T'Pacap 2008
La LBU44, devenue indépendante, participe elle aussi à cette extension de l'ultimate sur le pourtour méditerranéen. Son championnat permet à tous les passionnés d'ultimate appartenant à un club ou pas de se retrouver une fois par mois pour jouer sur le sable. Elle participa au développement de nouveaux clubs en proposant des aides (achat de disques, aide administrative, licence/assurance à petit prix).
Si la pratique de l'ultimate connaît une forte croissance dans les autres régions de France depuis 2010, son développement dans le Sud semble en perte de vitesse depuis le milieu des années 2010.
Aucun nouveau club pointe le nez. Face aux difficultés de recrutement, de trouver des personnes motivées pour reprendre la suite, les clubs se mettent en sommeil ou disparaissent comme Klubultdulub, Pongo. La tendance actuelle est à la restructuration des clubs : regroupement Discobols et Lezhéreaultimate devenant Clapas, Freebees et Pongo fusionnent en Avignon Ultimate. On pourrait croire un triangle des Bermudes de l'utlimate ( Nice-Avignon-Montpellier).
Pourtant, le potentiel existe. Des étudiants de l’université de Toulon avaient créé une association. Des joueurs sur Saint Cyr/Mer, sur Manosque souhaitent lancer. Seulement peu veulent se lancer dans la création d'une association ou participer à un championnat. Les T-RAix, les Marsiens (nom plus courant d'Ultimate Marseille) ou encore la LBU44 tentent régulièrement de les inviter à des tournois mais sans réponse. De petits groupes de joueurs autour d'Aix, de Marseille, Vitrolles ou Gordes jouent uniquement pour le plaisir, sans vouloir faire de la compétition. Un essoufflement apparaît dans l'essor de notre sport dans le Sud. Les rencontres interclubs s'organisent plus pour la préparation à la compétition qu'à la promotion du sport par des matchs d’exhibitions.
Qu'importe, l'ultimate est en place dans le Sud et s'adapte au mieux à la pratique actuelle. En 2024 nous soufflerons les 20 ans de l'ultimate dans le Sud ! Alors BON VOL !!!
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